Covid-19, grossesse et accouchement
Professeur Yariv Yoguev
Directeur de l’hôpital gynécologique Lis de Tel-Aviv

Conférence donnée au congrès annuel de l’Institut Pouah – traduite, résumée et adaptée par le Rav Benjamin David.

Les données médicales que je présente dans cette conférence sont conformes aux avancées médicales actuelles. Bien entendu, il y a constamment des mises à jour.
Le Coronavirus affecte principalement le système respiratoire en particulier celui des personnes âgées.
L’épidémie a commencé en Chine et en Italie où le nombre de naissances est relativement faible, donc il était difficile au début d’avoir des données sur les répercussions du Covid-19 sur les femmes enceintes.
Au début de l’épidémie, nous avons remarqué qu’il y avait moins de grossesses dans le monde car les femmes avaient peur de tomber enceintes et les unités de fertilité ont été fermées rapidement. Cette baisse n’est pas due au virus mais à l’anxiété et aussi à l’insécurité économique des couples.
Nous commençons actuellement à résumer les données médicales de ces derniers mois :
1. Depuis le début de la pandémie nous constatons une baisse des grossesses multiples suite à la fermeture des unités de fertilité, et également une baisse des naissances prématurées. Il y a donc moins de nourrissons prématurés sous couveuse. La raison n’est pas claire mais nous pensons que c’est grâce à la diminution de la pollution atmosphérique dans le monde. Les femmes étaient également moins mobiles : elles ont moins travaillé à l’extérieur, ce qui évite les infections.

2. Le Coronavirus et les femmes enceintes

La plupart des femmes qui tombent enceintes sont jeunes et en bonne santé. Si nous analysons les femmes de 30 ans infectées par le Coronavirus et comparons entre celles qui étaient enceintes et celles qui ne l’étaient pas, nous remarquerons que les femmes enceintes ne souffraient pas de symptômes plus graves que les autres. Toutefois, elles étaient plus susceptibles d’être dirigées vers des soins intensifs. On soulignera qu’il n’y a pas eu chez elles plus de mortalité. Il semble donc que l’admission en soins intensifs était une décision prise en raison des précautions à prendre pour mieux protéger les femmes enceintes, mais pas véritablement en raison d’aggravation de leur situation médicale. Il est clair que lorsque l’état de santé se détériorait et qu’il fallait mettre la femme sous respiration artificielle, il y avait plus de mortalité chez les femmes enceintes et chez les fœtus que chez les autres femmes du même âge. Pour résumer : le Covid-19 n’infecte pas plus les femmes enceintes que les autres, et ne provoque pas de hausse de mortalité à moins d’une aggravation de la situation.
Nous n’avons pas constaté une augmentation du nombre d’avortements. Cependant les naissances prématurées et le nombre de césariennes se sont accrus.
Autrement dit, dans la population générale, il y a une diminution des naissances prématurées alors que chez les femmes qui ont contracté le Coronavirus, il y a une augmentation des naissances prématurées, des césariennes et de la prise en charge en soins intensifs. Par conséquent, il est très important que les femmes enceintes ne soient pas exposées au Covid-19.

3. Le virus peut-il infecter le fœtus dans l’utérus ?
Au début, nous avons pensé que la réponse à cette question était positive mais pour le moment, nous voyons que c’est très rare, voire exceptionnel. Il semblerait que cela s’est produit uniquement chez les femmes atteintes de symptômes très graves, c’est-à-dire avec une charge virale particulièrement élevée. Donc, aujourd’hui, nous sommes à peu près sûrs que le Coronavirus ne met pas en danger le fœtus à l’intérieur de l’utérus.

4. Y a-t-il un risque d’infection du fœtus à la naissance ?
Peut-être que le virus est présent dans les voies vaginales ?
A l’hôpital Ichilov de Tel Aviv nous avons examiné la question et nous n’avons pas observé de Coronavirus dans le vagin des femmes qui ont accouché durant cette dernière année.
D’où la conclusion : le virus du Coronavirus qui se développe chez une femme enceinte ne met pas en danger le fœtus in utero ni au moment de la naissance.
5. Y a-t-il un risque que la mère positive au Covid infecte son bébé ?
Il est fort probable que pendant la prise en charge de l’enfant ou l’allaitement, la mère infecte le bébé. Aujourd’hui il n’y a aucune instruction qui pousse à séparer le bébé de la mère. Nous lui conseillons de porter un masque durant le soin du bébé. Il faut bien sûr se laver les mains avant et après, ce qui minimise les risques d’infection. C’est la raison pour laquelle à l’hôpital Lis le bébé n’est pas séparé de sa mère après l’accouchement même si cette dernière est positive.

6. Où la mère est-elle hospitalisée après la naissance lorsqu’elle est atteinte du Coronavirus ?
À Ichilov, nous avons construit une maternité spéciale pour les femmes infectées où sont pris en charge les mamans et leur bébé.
En ce qui concerne le conjoint : s’il est positif, il est autorisé à être hospitalisé avec sa femme et son bébé. Mais s’il est négatif, il devra alors s’isoler. Par conséquent, il doit rester seul à la maison.

7. Dans quelles conditions une femme atteinte du Covid-19 accouche-t-elle ?
Bien qu’il y ait eu des directives du ministère selon lesquelles un seul accompagnateur pouvait entrer dans la salle d’accouchement, à Ichilov nous avons autorisé la présence de deux personnes car il y a des femmes qui veulent aussi bien la présence de leur mari que celle d’une doula. La condition requise est une présence continue du début de l’accouchement jusqu’à la naissance. Le mari ne peut être remplacé par une autre personne. Il était également clair qu’une femme ne pouvait pas accoucher avec un masque, de telle sorte que les sages-femmes elles-mêmes étaient protégées avec des combinaisons spéciales. En pratique, aucune sage-femme n’a été infectée du Coronavirus en salle de travail. Il a fallu un certain temps pour comprendre la complexité de la situation, mais maintenant les femmes qui accouchent sont très satisfaites.
Après l’accouchement, en maternité, un seul visiteur est autorisé. L’hôpital Lis dispose de chambres individuelles pour chaque accouchée, donc le risque d’infection est très faible.

8. La vaccination des femmes enceintes
Les femmes enceintes ont été exclues au moment de l’expérience de la vaccination. Aucune entreprise ne teste des médicaments sur les femmes enceintes.
Le vaccin est construit sur un mécanisme qui consiste à injecter l’ARN messager dans l’organisme. Ce dernier ne lui permet pas de pénétrer dans le matériel génétique des noyaux de la cellule. Par conséquent, il ne peut pas provoquer de mutations chez la femme vaccinée ou chez son bébé.
Le vaccin ne provoque pas non plus d’avortement car le virus lui-même n’augmente pas le taux de fausse couche. C’est ainsi que les organisations gynécologiques dans le monde recommandent de vacciner les femmes ayant une grossesse à haut risque, comme les diabétiques, les obèses ou celles souffrant et d’hypertension. Il est également conseillé de vacciner les femmes à haut risque d’infection à cause de leur activité professionnelle ou familiale, comme les institutrices, les infirmières ou les mères de familles nombreuses.
De plus, pendant l’expérience de Pfizer et de Moderna certaines femmes sont tombées enceintes et il n’y a eu aucun problème. En attendant, plus d’un million de personnes ont été vaccinées dans le monde, certaines femmes sont tombées enceintes après leur vaccination et nous ne constatons pas d’augmentation des fausses couches chez les femmes qui ont été vaccinées.
Conclusion : les femmes enceintes doivent être vaccinées surtout si elles présentent des facteurs de risque.

9. Allaitement et vaccination
Le vaccin ne passe pas dans le lait. Par conséquent, il est permis de vacciner les femmes qui allaitent.

10. Femmes planifiant une grossesse et la vaccination
Fondamentalement, il n’y a pas de problème car le vaccin ne provoque pas de fausse couche ou de malformations chez le fœtus ; une femme qui envisage une grossesse peut donc se faire vacciner. Mais si elle est actuellement en cours de traitement de fertilité, laissons-la tranquillement pour le moment car elle est déjà préoccupé par la PMA je crois pas qu’il fasse lui rajouter des soucis ou traitement.

11. Le nouveau-né sera-t-il vacciné automatiquement si sa mère se fait vacciner ?
En général, nous savons que les vaccins traversent le placenta et qu’ils protègent le bébé pendant un mois ou deux, il est donc probable que cela soit également vrai pour le vaccin anti Coronavirus. Par conséquent, le vaccin de la mère protégera le bébé pour les premiers mois de sa vie, et cela est particulièrement important s’il s’agit d’une famille nombreuse avec un haut risque de contamination.

Conférence traduite, résumée et adaptée par le Rav Benjamin David